La fin du mâle

Et si les femmes cessaient d’aimer les hommes ?

Extrait

Le hall d’entrée avait les dimensions d’une cathédrale cubique aux murs de verre et au sol en granite noir. Aux étages, derrière chaque pan de verre, on pouvait voir les employées s’affairer comme les ouvrières d’une ruche moderne. Le plafond transparent laissait passer la faible lueur du permawint. Quelques œuvres d’art au goût douteux décoraient l’espace. Il y avait des tableaux d’un artiste visiblement torturé. L’un d’entre eux représentait un homme nu, la tête jetée en arrière, la bouche grande ouverte sur ce qui semblait être un cri de douleur. De son sexe s’échappait un flot de sang qui se répandait à ses pieds en une flaque rouge. Plus loin, une statue représentant une énorme femme au sourire carnassier étalant de manière ostentatoire son obésité morbide semblait répondre au tableau.

– Notre collègue le professeur Roy est un peu artiste à ses heures perdues. Elle nous a fait don d’une partie de sa collection. Certaines œuvres sont à vendre si ça vous intéresse.

– Professeur Tresco, je présume ?

– Enchantée de faire votre connaissance. C’est une joie d’accueillir en nos murs notre plus généreuse donatrice. Vous savez que c’est grâce aux dons privés que nous avons pu faire les progrès décisifs. Les subsides fournis par l’état n’assurent que le fonctionnement courant. C’est avec plaisir que je vais accéder à votre requête, même si, je dois l’avouer, elle m’a un peu surprise. D’habitude, les donatrices ont, comment dirais-je, des souhaits un peu plus… prosaïques.

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